Généalogie de la famille Méresse - Facon

Notre Généalogie Familiale

La catastrophe de Courrières
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LA CATASTROPHE (dite) DE COURRIERES

10 MARS 1906
 

  Liste des victimes de la fosse 2 de Billy Montigny (dite Auguste Lavaurs).

Liste des victimes de la fosse 3 de Méricourt (dite Lavaleresse).

3 de mes "cousins" frères de la famille Tison sont décèdés ce jour là à Méricourt.

Tison Alexandre, Tison louis et Tison Noël Emile

Liste des victimes de la fosse 4 de Sallaumines (dite Ste Barbe)


L'historique.

Le samedi 10 mars 1906, à 6 h 34, une terrible catastrophe endeuillant toute la région minière survenait dans les travaux sud de la Concession Minière de Courrières. Les causes sont toujours controversées ! Incendies, coup de grisou, coup de poussiere. ! Mais auparavant, Le mardi 6 un incendie se déclarait dans une veine, le feu prit aux bois et s'étendit. Un premier mur fut facilement construit, puis un second, plus difficilement le 8 et 9. Toujours est-il que le 10 à la première heure, le feu n'était toujours pas éteint; et malgré les remarques d'un délégué-mineur qui prévoyait le danger, la Direction ordonna la descente qui s'effectua avec 1 heure de retard ! Ce n'était plus des hommes qui descendaient, c'étaient des condamnés à mort.

La catastrophe a affecté la fosse 4 de Sallaumines (dite Sainte Barbe, le foyer initial), la fosse 2 de Billy Montigny (dite Auguste Lavaurs), et la fosse 3 de Méricourt (dite Lavaleresse). Elle a balayé 110 km de galeries.


Le début du sauvetage.

Quarante-huit heures après la catastrophe, les sapeurs-pompiers de Paris arrivent sur les lieux où, ils furent aidés par les sauveteurs des compagnies de la Ruhr(Allemagne) et par des mineurs français volontaires qui étaient descendus tout de suite après la catastrophe. Ils chercheront des survivants jusqu’à la fin mars(malheureusement, au moins 16 sauveteurs ont payé de leur vie leurs interventions dans des conditions de sécurité et d'hygiène précaires!).


Le miracle, 20 jours après la catastrophe.

13 rescapés seront remontés le 30 mars (20 jours après l'accident) et 1 (Pierre Auguste BERTHON) le 4 avril ! Ces 13 miraculés réussirent à retrouver le puits par leurs propres moyens après avoir erré dans le noir total sur des kilomètres. Ils furent aperçus par un ouvrier sauveteur à proximité de l'accrochage dans le puits n° 2. Ils se sont nourris d’avoine, de bois et du cheval qu’ils ont tué à coup de pic.

Les treize rescapés sont Léon Boursier (19 ans), Louis Castel (22 ans), Honoré Couplet (20 ans), César Danglot (27 ans), Albert Dubois (17 ans), Élie Lefebvre (38 ans), Victor Martin (14 ans), Henri Neny (39 ans), Romain Noiret (33 ans), Charles Pruvost (40 ans) et son fils Anselme Pruvost (15 ans), Léon Vanoudenhove (18 ans) et Henri Wattiez (27 ans)



La remontée des corps.

La remontée des cadavres (et pour certains, de ce qui en restait) fut très lente : 309 au 13 avril, 611 au 16 mai,1 064 au 25 juillet. Les risques d'éboulement, l'air vicié, le feu et l'odeur pestilentielle provoquée par la décomposition des cadavres furent la cause de cette lenteur.



Le bilan : 1 099 victimes  dont 272 non identifiées.

Les victimes reconnues seront inhumées dans leur commune de résidence et les anonymes collectivement dans une fosse commune à Méricourt Corons, appelée " Le Silo de Méricourt ".


 Un témoignage poignant.

" J'étais au travail depuis une demi-heure lorsque je perçus un roulement lointain qui prit en quelques secondes des proportions énormes. Un torrent de feu balaya les galeries provoquant des explosions violentes. Je fus projeté avec mon camarade DIEVART à quelques mètres de ma berline mais nous étions indemnes. Les autres ouvriers qui travaillaient près de nous (ils étaient une vingtaine) étaient morts, le souffle les avait écrasés contre les parois de la taille. DIEVART et moi, nous partîmes au hasard. Nos béguins collés à notre bouche pour ne pas respirer les gaz. Nous avancions dans l'obscurité. La galerie 326 était jonchée de morts sur lesquels nous butions, mais de la 326 venaient les gaz délétères, ce qui nous obligea à retourner vers l'étage 280. Enfin, marchant à tâtons, rampant avec peine, nous atteignîmes l'accrochage du puits n° 2. Nous étions les premiers sauvés. Et puis, ce fut les enquêtes, toute la comédie de jugement qui mit hors de cause les vrais responsables de ce vaste assassinat. J'avais perdu un frère, un oncle et un cousin. chaque maison avait un ou plusieurs disparus, toute la région minière était en deuil... "

Louis DANGLOT, "récapé"

Après la catastrophe, la langue française s'est enrichie d'un mot nouveau d'origine picarde : "rescapé", largement repris dans la presse, et qui supplanta "réchappé".


La colère monte

La Catastrophe de Courrières fut aussi l'étincelle qui alluma la mêche du baril de poudre que représentait la contestation syndicale de l'époque dans les mines et les cérémonies d'obsèques à peine terminées, le personnel de la Compagnie de Courrières se mit en grève avec ceux de Dourges et ils furent rejoints peu à peu par l’ensemble du bassin minier. La grève est alors de pure protestation car sans réunion préalable ni concertation. Entre les grévistes naissent alors des divergences, selon qu’ils appartiennent au « vieux » ou au « jeune » syndicat, les seconds, sur l’air de la révolte, se montrant beaucoup plus virulents que les premiers. Le 17 Mars, M Georges Clémenceau arrive à Lens à 11 heures du matin. Prenant la parôle lors d'une réunion à la Maison du Peuple de Lens, il fait un appel au calme et promet qu'il n'y aura pas de troupes si la liberté de tous est respectée. Mais au fur et à mesure qu’un climat insurrectionnel se développe (sabotages, interventions de la troupe), le « vieux » syndicat durcit ses positions. Le 14 avril, le rapport rendu par la commission d'enquête présidée par le directeur de l’École des mines absout les ingénieurs. Du 14 au 20 avril, les incidents redoublent d'intensité, la maison du directeur de la Compagnie de Lens étant assiégée puis détruite par les mineurs. Le 22 avril, l'armée contrôle le bassin, des négociations Compagnie par Compagnie s’engagent, qui se traduiront par un certain nombre de concessions, salariales notamment, de la part du patronat. Le 7 mai, la reprise du travail est quasiment générale

Le tableau qui suit résume l'ampleur du désastre (à noter aussi la jeunesse de la classe minière : combien de 13-14 ans étaient déjà partis au charbon !) :

Victimes
père + 4 enfants
père + 3 enfants
père + 2 enfants
père + 1 enfants
5 enfants
4 enfants
3 enfants
2 enfants
Nbre de familles
1
3
11
49
1
6
29
100

La palme de l'horreur revient à la famille DEHAY de Méricourt où 5 frères sont décédés, et à la famille FOUGNIE de Noyelles sous Lens où le père et 4 enfants sont décédés, sans parler des gendres, oncles, cousins, neveux...

ETAT RECAPITULATIF (officiel au 23 mars) PAR COMMUNE DES VICTIMES :

5 Acheville 1 Dourges 22 Loison sous Lens 5 Oppy
4 Athies 1 Farbus 286 Méricourt Corons 9 Rouvroy
5 Avesnes le Comte 1 Feuchy 126 Méricourt Village 1 Saint Laurent Blangy
29 Avion 35 Fouquières lès Lens 9 Montigny en Gohelle 276 Sallaumines
8 Bailleul Sir Bertould 8 Hénin Liétard 1 Neuville Vitasse 13 Vimy
1 Beaurains 1 Izel lès Equerchin 1 Neuvireuil 1 Vitry en Artois
118 Billy Montigny 12 Lens 104 Noyelles sous Lens 3 Willerval
Total : 1 086

 

Bilan humain

L'accident fit officiellement 1 099 morts sur près de 1 800 mineurs descendus ce jour-là mais le bilan réel est probablement supérieur en raison de la présence de travailleurs « irréguliers » dont le décès n'a pas été imputé à cet accident. Pris au piège, la plupart des ouvriers sont morts asphyxiés ou brûlés par les nuées ardentes de gaz toxiques.


En fin de journée, seulement 576 mineurs étaient parvenus à s'échapper de cet enfer.



Il y a maintenant 114 ans..., mais on ne peut oublier cette catastrophe car à l’exception d’un autre bilan record en Chine en 1942 (1 549 morts), aucun autre drame de la mine n’approchera celui de Courrières. Elle restera une des grandes catastrophes mondiales dans les mines. Elle a touché de nombreuses familles françaises et belges. Plusieurs départements français sont concernés, en particulier le Nord, l'Allier, le Gard...et le Pas-de-Calais se trouvant au coeur.


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